Lorsque l’on parle de location de benne TP, on parle de camions, de rotations, de déchets de chantier… Mais il ne faut pas oublier l’essentiel, les transporteurs. Ce sont des hommes et des femmes qui ont décidé, le plus souvent par passion, de travailler dans le transport, un secteur qui encore aujourd’hui a du mal à être reconnu auprès du public et qui penne à recruter.
Pleine d’énergie, optimiste, engagée écologiquement, sans doute un peu perfectionniste et étonnamment sans permis poids lourd, Lydia CIPOIRE dirigeante de L’ÉBÈNE Transport, spécialisée dans la benne TP, nous présente son parcours et son métier de transporteur où l’humain, l’écologie et le digital se mêlent.
Présentez-vous brièvement.
Je m’appelle Lydia CIPOIRE, j’ai 44 ans et j’habite à Chartres en Eure et Loir.
Quel est votre parcours professionnel ?
Issue d’une formation Transport, j’ai travaillé pendant 15 ans en tant que responsable d’exploitation Hydrocarbures chez les Transports PREMAT à Pierrelaye dans le Val D’Oise.
Quelle est votre motivation à avoir créé votre entreprise de transport ?
J’ai quitté cette société en 2016 car on a m’a proposé un poste de responsable d’agence d’une petite structure dans le port de Gennevilliers. 11 personnes à mon arrivée et une vingtaine 2 ans plus tard.
J’ai quitté la région parisienne en 2018 pour des raisons familiales et je me suis installée à Chartres.
Dès lors, la création d’une société de transport m’est apparu comme une évidence : 20 années d’expérience, un réseau professionnel conséquent, une volonté de relever un nouveau défi et un besoin d’indépendance presque vital.
Depuis quand existe votre société ?
J’ai créé L’ÉBÈNE Transport en juillet 2019 après une formation longue durée en création d’entreprise. Je voulais en savoir un maximum sur les aspects financiers, juridiques, commerciaux et sociaux d’une entreprise, ne rien laisser au hasard.
Pour le moment nous n’avons que des bennes TP, mais 2021 est pour nous l’année de la diversification en faisant l’acquisition de nouveaux véhicules de traction.
Présentez-nous une journée type en tant que transporteur et gérante d’entreprise ?
Je n’ai pas mes permis SPL du coup, j’ai la chance de pouvoir consacrer mon temps à la partie « terrain » : rouler avec mes conducteurs, me déplacer sur les chantiers, démarcher de nouveaux prospects et rencontrer régulièrement nos clients, mais aussi à la partie « administrative » très chronophage, car je suis très rigoureuse dans la gestion financière de mon entreprise.
Les ressources humaines sont importantes dans le domaine du transport, pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
La pénurie de conducteurs est un problème majeur dans notre secteur. Malgré de nombreux moyens mis en œuvre (amélioration des conditions de travail, multiplication des primes, amélioration de l’image du routier, la campagne tremplin, etc.) ce métier manque toujours d’attractivité avec en plus un taux de départ en retraite important et une pression croissante sur les conducteurs (responsabilités accrues, créneaux horaires à respecter, géolocalisation…).
J’ai décidé d’axer ma politique managériale et de recrutement autour de 3 axes qui relèvent du bon sens afin de fidéliser et d’éviter le désengagement de mes équipes : La confiance, la coopération et la convivialité. Il me semble nécessaire de développer le sentiment d’appartenance pour impliquer mes collaborateurs et qu’ils s’épanouissent pleinement au sein de ma structure.
Chaque nouvel entrant doit adhérer à 100 % à notre charte d’entreprise d’où un développement lent mais qualitatif.
MyBen contribue à son échelle à la transition digitale, mais comment ressentez-vous ce changement dans votre profession ?
La digitalisation n’est pas nouvelle dans le domaine du transport. Le principal problème est de la faire accepter. Il y a encore beaucoup de personnes qui travaillent avec le papier, notamment de grands groupes du BTP. Ils ne se rendent pas compte que le digital est bénéfique à tous les acteurs de la chaîne (chargeur, transporteur et client) et je n’explique pas le fossé qu’il y a entre le transport et la logistique.
Par exemple, la lettre de voiture n’est qu’en phase de test, c’est incroyable quand on voit l’efficacité qu’elle génère. Grâce au numérique, en 1 clic, on envoie les missions aux conducteurs, on crée les lettres de voiture, on suit les transports en temps réel, on les justifie et on les facture instantanément. Quel gain de temps ! Une fiabilité et une rentabilité renforcée !
Nous sommes dans une période de transition numérique. Il faut pouvoir intégrer les nouvelles technologies si nous ne voulons pas être mis de côté et c’est ce qui m’a plu chez Myben, outre le côté environnemental avec la traçabilité des déchets « MYBEN sonne la fin des méthodes archaïques ! »
Il faut laisser le temps au digital, mais j’ai hâte que cela se développe.
Comment vivez-vous cette période de crise sanitaire ?
Cela fait un peu plus d’un an que dure cette crise sanitaire et nous ne connaissons pas encore son issue. Le travail est en dents de scie, 2 à 3 jours de travail intensif puis plus rien. Le moral est très impacté et l’angoisse est permanente. Aussi, je préfère vivre cette période au jour le jour afin de me préserver et préserver mon équipe qui a besoin de me voir pétillante et optimiste !
Comment voyez-vous l’avenir de votre profession ?
Je suis d’une nature plutôt optimiste, mais je dois avouer que le contexte général me laisse perplexe. Je m’inquiète entre autres par rapport au projet de loi Climat et Résilience qui part d’une bonne intention, mais qui risque d’impacter très injustement le transport routier notamment sur la fiscalité déjà très lourde du secteur.
Tous nos tracteurs* sont à la norme Euro6, nous sommes impliqués dans le développement durable et le respect de l’environnement aussi, nous préférerions être accompagnés vers une transition énergétique durable plutôt que d’être taxés et être perçus comme les pollueurs de la planète.
* ici nous faisons référence à tous types de véhicules routiers pouvant tracter entre autres des remorques et non le véhicule agricole.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un souhaitant faire votre métier ?
Je n’ai pas vraiment de conseil à donner à quelqu’un qui souhaite faire le même métier que moi si ce n’est de bien se préparer, ne rien laisser au hasard et y croire. Le métier de transporteur est très coûteux en termes d’investissement financier et de temps. Il laisse rarement le droit à l’erreur. Il faut être bien entouré et bien accompagné.
L’équipe de MyBen tient à remercier Lydia CIPOIRE pour cet échange intéressant et enrichissant à propos de son parcours et de son expérience en tant que dirigeante et transporteuse.
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