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Flambée des prix des matériaux de construction

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Le BTP : un secteur menacé 

 

La guerre en Ukraine bouscule des marchés déjà fortement sous tension. Des matières premières moins accessibles, mais surtout une énergie hors de prix relancent l'inflation, parfois à trois chiffres. Tous les métiers du BTP ou presque sont concernés.

Le secteur du bâtiment ne fait pas exception loin s’en faut avec des incidences importantes en termes d’organisation et de livraison. Quels sont les matériaux de construction les plus touchés par la pénurie ? Quelles sont les raisons des difficultés d’approvisionnement actuelles dans le BTP ? Quelles conséquences pour le secteur de la construction ? Tout ce qu’il faut savoir sur la pénurie de composants actuelle.

 

I- La construction de logements neufs va coûter de plus en plus cher, voici pourquoi

1.1 Menace de la guerre Ukraino-Russe

La hausse des coûts du bâtiment en général et du logement neuf en particulier va se poursuivre. L’instabilité créée par la guerre en Ukraine se rajoute à la flambée du coût des matières premières, aux nouvelles normes thermiques et à la raréfaction du foncier. Les promoteurs immobiliers demandent à l’État de faire passer de 20 % à 5,5 % la TVA sur le logement neuf. 

Cuivre pour les réseaux électriques, acier pour armer le béton et pour la quincaillerie, aluminium pour les huisseries, plastiques pour les canalisations, laine de verre pour l’isolation, ciment, vitrages, briques, tuiles et carrelages issus de gourmands processus de cuisson… Le bâtiment intègre tellement de matériaux et d’équipements, qu’il subit de plein fouet la flambée des matières premières et de l’énergie.

    1.2 Augmentation des prix

Et elle est redoutable. En un an, le baril de brut est passé de 63 à 107 dollars, la tonne d’aluminium de 1500 à 3400 dollars, celle de cuivre de 8900 à 10 200 dollars, celle de charbon de 68 à 290 dollars. Quant au prix du gaz naturel européen, il a été multiplié par cinq selon Ouest France

Pour plusieurs matières premières, les prix sont à des records historiques et, pour toutes, au-dessus de ce qu’ils étaient en 2019, avant la crise causée par le Covid. Une crise dont l’économie mondiale est sortie trop vite et dans le chaos, provoquant à la fois des à-coups de production et une inquiétante mécanique inflationniste.

II- Les effets cumulés de la guerre en Ukraine

2.1 Instabilité sur les marchés 

Tout cela était à l’œuvre avant le 24 février mais le déclenchement de la guerre en Ukraine a ajouté une énorme instabilité sur les marchés, avec une forte volatilité des prix de l’énergie, explique Loïc Chapeaux, directeur des affaires économiques, financières et internationales de la Fédération Française du bâtiment . Des productions très intensives en énergie comme le carrelage ou les tuiles ont même été interrompues par certains fournisseurs durant plusieurs jours en mars ».

​Ceci, ajouté aux inquiétudes sur certaines matières premières, a aussi provoqué une crainte sur les approvisionnements, donc des achats par anticipation et des pénuries ». Il aura fallu le terrible drame qui frappe l’Ukraine pour découvrir qu’elle produit du néon, indispensable aux semi-conducteurs, ainsi que du fer à béton, de l’aluminium, de l’argile…

Actuellement, tous les métiers du bâtiment sont confrontés à des problèmes d'approvisionnements en fournitures. "Ça impacte tous les métiers", explique Laurent Debord, délégué général de la Fédération Française du Bâtiment, "avec des rythmes assez variables d'une période à l'autre. "

2.2 Disponibilités et hausse des matériaux 

Laurent Debord précise qu'il existe "deux phénomènes" : "d'une part la disponibilité des matériaux et d'autre part, la hausse des matériaux", "et en général c'est les deux en même temps". "Et c'est ça qui est de plus en plus compliqué pour nos entreprises. En cas d'indisponibilité, vous ne pouvez plus travailler (...) et c'est compliqué de le faire admettre à des maîtres d'ouvrage. Et ce n'est pas plus simple si vous avez des hausses très importantes. Certains matériaux ont augmenté de 300 % ! Par exemple l'acier, à double titre, car l'Ukraine gros producteur d'acier, a une production à zéro".

L'acier ukrainien, on peut l'utiliser pour armer les fondations, les coffrages, mais aussi dans les structures métalliques de construction ou de soutènement.

III- Faut-il reporter ses travaux de rénovation ? 

3.1 Guerre Ukraino-Russe : les conséquences 

Depuis début janvier, les prix des matériaux de construction ont grimpé jusqu’à 12%, selon une enquête de la Confédération construction  auprès de 210 entreprises. Cette hausse n’est pas la première constatée par le secteur. En septembre dernier, la confédération notait déjà une hausse de 15% des prix des matériaux depuis novembre 2020. Et, malheureusement, les perspectives d’accalmie sont pour le moins inexistantes. 95% des entreprises s’attendent à une poursuite de ces augmentations dans les prochains mois suite à la guerre en Ukraine.

3.2 Pas de retour à la case départ 

Dans pareil contexte, si vous envisagiez des travaux de rénovation ou une extension, faut-il les reporter ? Si personne n’a de boule de cristal, les experts sont d’accord pour dire qu’à chaque augmentation de prix constatée par le secteur, même avant la pandémie, les niveaux de prix n’ont jamais retrouvé ceux de départ une fois la crise passée. "Celui qui a décidé, il y a deux ans, d’attendre que les prix baissent attend toujours", pointe Jean-Pierre Liebaert. "D’aucuns pouvaient penser qu’après la pandémie, la situation allait se normaliser, c’était sans compter la guerre en Ukraine, qui n’était pas prévue. On ne peut prédire quels autres imprévus vont arriver."

A retenir :

Cette situation de pénurie entraîne inéluctablement, par la loi de l’offre et de la demande, un allongement des délais d’approvisionnement ainsi qu’une augmentation du prix des matériaux. La hausse s’accompagne d’ailleurs dans le même temps d’une flambée du cours des matières premières se répercutant sur le transport et donc sur le coût global des produits.

La pénurie de matériaux de construction provoque ainsi des retards sur les chantiers dont une proportion importante (20 à 30%) a dû être mise en pause ces derniers mois.

Les professionnels du BTP réclament par ailleurs une indexation du montant des chantiers sur les prix des matériaux pour les chantiers déjà signés, requête restée pour l’instant lettre morte par les pouvoirs publics malgré la “double peine” dénoncée pour les artisans. Seules les pénalités sur les éventuels retards de livraison ont pour l’instant été suspendues par l’État le temps que les mécanismes d’approvisionnement retrouvent une certaine stabilité.

 

 

 

 

 

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